Blog musical


Dire qu’Hatem M. Elnemr est né en face d'un piano est certes exagéré, mais pas autant que l’on pourrait le croire, puisque c’est à l’âge de trois ans que son grand-père remarque sa fascination précoce pour un petit clavier électrique Casio et pour les sons qu'il en tire. Il lâche à l’oreille de son père: “Ton fils sera musicien.”

Emmanuelle Bonnet et Sofia Jernberg, deux voix originales, singulièrement belles, que la programmation de l'AMR nous a permis, en décembre dernier[^1], et en mars[^2], d'écouter au Sud des Alpes. Deux femmes exploratrices et vagabondes, que quinze ans d'âge séparent. Mais pas vraiment.

Entre une installation à la Cave Marignac au Grand-Lancy, de multiples travaux d’organisation et le concert du soir, l’infatigable Noé Tavelli m’attend en un lieu du quartier des Grottes, aussi bondé qu’accueillant. Sourire aux lèvres, heureux de se reposer quelques instants autour d’un verre, il parle à bâton rompu.

Le soleil matinal baigne agréablement le lobby de l’hôtel Cornavin, en ce dimanche matinal  et bien frileux. Hans Koch m’attend, en avance sur l’horaire prévu. La politesse des rois. Difficile à dissimuler, dans une telle lumière, son oeil, le gauche, rouge sang, d’une étrangeté redoutable dans son regard bienveillant.

 Rosetta est sorti et est disponible sur toutes les plateformes connues.
 Rosetta est la créature du contrebassiste Pierre-François Massy.

Il réunit en 1993 un quintet de musiciens et amis pour interpréter et transformer ses compositions (Matthieu Michel - bugle, Yves Massy - trombone, Daniel Perrin - accordéon et piano, Marcel Papaux - batterie et Pierre-François Massy - contrebasse). Tous sont très actifs sur la scène musicale, et reconnus pour leur maîtrise instrumentale et l’originalité de leur langage.

Rosetta a donné son dernier concert le 15 mai 2003 dans le cadre du Jazzfestival Schaffhausen (Schaffhauser JazzFestival - Festival de Jazz de Schaffhouse) enregistré par la SFR, interprétant principalement le répertoire de son dernier CD : le contraste entre les deux enregistrements est si saisissant, que cette captation se devait de paraître prappeler au public l’énergie et la créativité d’un groupe phare de cette période en Suisse. [En lire plus]


Rosetta ist das Werk von Pierre-François Massy

1993 stellt er ein Quintett von Musikern und engen Freunden zusammen, um seine eigenen Kompositionen zu spielen und manchmal neu zu erfinden (Matthieu Michel - Flügelhorn, Yves Massy - Posaune, Daniel Perrin - Akkordeon und Klavier, Marcel Papaux - Schlagzeug und Pierre-François Massy - Kontrabass), allesamt sehr engagierte und anerkannte Künstler, die für ihre Virtuosität und herausragende Originalität bekannt sind.
Ihr letztes Konzert gab Rosetta am 15. Mai 2003 auf Einladung des Schaffhauser Jazzfestival (JazzFestival Schaffhausen), das von SFR aufgezeichnet wurde, wo sie hauptsächlich Stücke der letzten CD spielten. Der Kontrast zwischen den beiden Aufnahmen ist so markant, dass er dieses Projekt rechtfertigt. Es wird dem Publikum sowohl die Energie als auch die Kreativität einer führenden Gruppe dieser Epoche in der Schweiz in Erinnerung rufen. [Lesen mehr]
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Rosetta is Pierre-François Massy's making

In 1993, he puts together a quintet of musicians and close friends to play and sometimes reinvent his own compositions (Matthieu Michel - bugle, Yves Massy - trombone, Daniel Perrin - accordion and piano, Marcel Papaux - drums and Pierre-François Massy - double bass), all very engaged and highly recognised artists, well-known for their virtuosity and outstanding originality.

Rosetta held their last concert on May 15th 2003 when they were invited by the Jazzfestival Schaffhausen (Schaffhauser JazzFestival) recorded by SFR, where they mainly played pieces of the last CD. The contrast between both recordings is so striking, that it justifies this project. It will recall for the audience both the energy and creativity of a leading group of that epoch in Switzerland. [Read more]

 

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La playlist Claves Youtube :



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Pierre Boulez aurait, paraît-il, très bien expliqué dans un interview, l’équilibre des paramètres qui rendent une œuvre intelligible ou hermétique, la part de reconnaissable et d’inconnu, de transparent et d’abscons, d’indéchiffrable et de limpide, qui règle l’accessibilité d’une pièce.  Si Carlos Bica ne partage certes pas la même esthétique que le compositeur français, ils ont en commun une conscience très aigüe de l’équilibre qui devrait exister entre ce que l’on partage immédiatement avec tous, et ce qui nous projette devant l’inconnu.

Ce que Boulez façonne purement sur la partition, Bica le fait par la partie compositionnelle versus le choix éclairé de ses interprètes. Si les parties de contrebasse et de guitare sont le plus souvent strictement écrites, la part d’interprétation de la batterie est, à proprement parlé, énorme. Et là réside tout le jeu et l’art de ce trio, dans la perfection de ce difficile équilibre à atteindre entre l’écrit et l’interprétation. Qu’en est-il donc de la partition ?  Une musique limpide, que Schubert, probablement ne renierait pas, des mélodies magnifiques, simples et équilibrées, que l’on emporte avec soi sans problèmes, à la pause, entre deux sets, ou après le concert, longtemps, sur le chemin qui nous ramène chez nous; des harmonies subtiles, non point exemptes de nœuds, de tensions et de surprises, mais toujours parlantes et pertinentes; une structure et une forme simples, équilibrées, souvent proches de la chanson, de la pop anglo-saxonne ou de la musique populaire portugaise; une rythmique sobre et naturelle, même si elle est, elle aussi, enrichie de surprises et d’asymétries. En face de ce classicisme intelligent, et sensible, certainement la part directement accessible de cette musique, Jim Black dépose son contrepoids de colosse, il dessine les ombres d’un tableau qui lasserait peut-être s’il n’était pas contrasté. Et les mots manquent à décrire cette composante-là. Déconstruction ? Recouvrement ? Traduction ? Illusions auditives ? Fausses pistes ? Éclairage ? Prestidigitation ? Fantasmagorie ? Manipulation ? Illusionnisme ? Trompe-l’oreille ? Rien… et tout… de tout ça, dans chaque mesure, dans chaque son de cette batterie magique et hyperactive. Jim Black serait un réalisateur de génie qui nous forcerait à découvrir dans chaque scène une infinité de lectures différentes, de détails signifiants, de contradictions manifestes, d’absurdités... Ou un clown hilare qui donnerait sa relecture du monde aux enfants ... Ou simplement un enfant qui joue…

Et il faut avouer que l’équilibre global tient magnifiquement, et  jusqu’au bout du généreux concert, oscillant parfaitement entre les deux tendances, sauf peut-être lors du premier rappel, le rapport entre l’évidente simplicité et sa non moins évidente déconstruction devenant trop manifeste, et donc caricaturale. La haute qualité des musiciens est pour beaucoup dans cette réussite : une contrebasse  faussement lourde car vraiment virtuose, une guitare faussement raide car parfaitement fluide et une batterie que l’on a respectueusement saluée plus haut.

 

Dimanche 4 octobre  2009 - 20h 30

CARLOS BICA AZUL                                     

Carlos Bica: contrebasse

Frank Möbus: guitare

Jim Black: batterie

 

 

Juste trois dossiers, juste trois fois sept bâtons de chaises nues & à chacune (par les deux bouts flambés) quatre pieds: c’est l’image. Deux vers de sept pieds: c’est le texte. Voici par eux-mêmes dans le maquis kaki des Pâquis nos trois musiciens présentés. Mais je tiens cependant à vous avertir. Cet apparent minimalisme n’est que l’humble & prudent orgueil de trois «rootiers» genevois sortis flambants neufs des chevauchées libertaires du siècle d’avant et qui se sont retrouvés comme en un vrai salon des inventeurs en toute ferveur pour raviver ces derniers temps (qui en ont bien besoin), le chant bijou du rose & noir. Et, avec Charles Baudelaire, ne croyez rien ci-haut à la stricte pancarte. Paquis’Art Trio, musicalement tient en fait, par le manche, le couteau droit de la secousse.
 
Viens-t’en si t’aimes le jazz: cette carabine, cette caverne, cet anaconda.

Pete Ehrnrooth: clarinette, saxophones. Pierre-Alexandre Chevrolet: contrebasse. Dominique Valazza: batterie.