Aux antipodes de la complaisance, la formule instrumentale choisie par Yves Massy (trombone), Philippe Ehinger (clarinettes) et Pierre-François Massy (contrebasse) sonde les chemins intérieurs de ces musiciens exigeants. Le trio, fondé en 1996, a su construire une cohésion, une interaction féconde. Nourri de musiques improvisées contemporaines, il a aussi un penchant pour les folklores populaires. Les compositions, presque toutes signées par Yves Massy, déclinent une sorte de musique de chambre aux atmosphères contrastées. L’écriture est fine, élaborée, tout en restant accessible à l’auditeur (Etudes II pour trio en constitue un bel exemple). On ne développera pas sur la technique et le son de chacun. Les trois musiciens, excellents, ont surtout quelque chose à (se) dire. L’acuité du propos habite l’album tout du long.

 - Fara C. - JAZZMAN n° 55 - février 2000

Musiciens : Philippe Ehinger, clarinettes, Pierre-François Massy, contrebasse, Yves Massy, trombone

CD Tracks

 1. Alhambra (Yves Massy)

2. Etude VIII pour trio (Yves Massy)

3. Carte postale I (Yves Massy)

4. Carte postale II (Yves Massy)

5. Carte postale III (Yves Massy)

6. Carte postale VI (Yves Massy)

7. Carte postale V (Yves Massy)

8. Carte postale VI (Yves Massy)

9. Dromadaire I (Yves Massy)

10. Dromadaire II (Yves Massy)

11. Laure (Philippe Ehinger

12. Un jour sans S I (Yves Massy)

13. Etude II pour trio (Yves Massy)

14. Etude IV pour trio (Yves Massy)

15. Improvisation (Pierre-François Massy)

 16. Etude VII pour trio (Yves Massy)

17. Un jour sans S III (Yves Massy)

18. Tim Tooney (Yves Massy)

19. Pour Dany B. (Yves Massy)

20. Call me Paul (Yves Massy)

 

- Label : ALTRISUONI

- Producer : NHP

- Executive Producer : Altrisuoni

- Recorded at : Radio Suisse Romande-Espace 2

- Sound Engineer : Michel Golay et Blaise Favre

- Graphic Design : Vincent Fesselet et Marion Innocenzi

- Photo : SI PHOTOS Christophe Lehmann

 - Financial Support : : Département des affaires culturelles de la Ville de Genève

 

Presse

- Christian Steulet - 24 HEURES - 8 juillet 1998
Connivence. Ce petit orchestre acoustique se distingue par le choix des instruments et les arrangements au service des compositions signées Yves Massy. En se passant de section rythmique et d’instruments harmoniques, Le Mem(e) Trio demande aux trois partenaires d’échanger leurs rôles de solistes et d’interprètes, ce qu’ils réussissent avec beaucoup de musicalité. En solo, à l’unisson ou dans des improvisations collectives réussies, les thèmes, fugues et études d’Yves Massy prennent une dimension colorée. Fortes têtes pas cérébrales pour un sous, aussi bien à l’aise dans les architectures classiques du trio jazz que dans la déconstruction savante propre à la musique contemporaine,ils ont séduit par leur rythmique solide bien qu’intériorisée, leurs jeux de miroirs et leur connivence. De plus, Le Mem(e) Trio possède un solide sens de l’humour qui bonifie sa musique de chambre où le jazz entre par des portes dérobées.


Le Temps - MB - 4 mars 2000
De quoi parlent ces vingt saynètes animées par trois musiciens genevois ? D’Atlantides perdues, d’Eldorados devinés, d’abbayes de Thélème peintes aux couleurs de l’utopie. De tout ce qui rapproche le monde des sons de la magie de l’enfance. Belles embardées sans décibels, beaux paysages pas sages où tout est affaire de communion spirituelle. Entre la clarinette d’Ehinger, le trombone et la basse des frères Massy, et entre cette triade et d’autres tri(o)logies culottées de l’histoire du jazz, à commencer par celles de Jimmy Giuffre.

- JAZZ HOT n° 569 - Mars 2000 - Découverte.
Pour une surprise c’est une surprise ! Ce trio est magnifique ! Et pourtant "jouer ensemble et résonner" clarinette, basse et trombone, n’est pas évident à priori ; ou du moins celà laisse présager d’une musique dure à vivre, surtout quand on choisit un titre aussi peu accrocheur, et même plutôt rébarbatif de nos jours, qu’ "Etudes pour trio". Foin du vocabulaire, il faut écouter la musique, et c’est là qu’on est conquis, ravis, heureux. Parce qu’en musique il faut avoir quelque chose à chanter, et ces trois musiciens ont beaucoup à nous chanter, pour nous enchanter. Ils jouent avec la connaissance des différentes traditions de leurs instruments, mais en étant toujours jazz, par le phrasé, par le swing, par le sens de la mélodie et de l’improvisation. Ils ont trouvé leur son, leur voix. Pas de fioritures, pas de facilités flatteuses, toujours l’essentiel du chant, sa profondeur. Yves Massy au trombone et Philippe Ehinger à la clarinette se taillent la part du lion mélodique avec un petit côté Nouvelle-Orléans sous-jacent, comme un souvenir des origines, des plus plaisants. Pierre-Francois Massy assure le tempo à la pompe mélodique à la façon de Steve Swallow, il mérite plusieurs coups de chapeaux. J’ajoute que le trio joue en contrechant, voire en contrepoint, ce qui en fait un véritable trio pour le régal de tous.

 

- Serge Baudot. JAZZ MAGAZINE - Avril 2000 - P.-L.Renou
On connaissait la joyeuse énergie d’Yves Massy, un des plus rougeoyants trombonistes du continent (No Hay Problema En The Kitchen Orchestra, Nocturne Schématique, etc.), et sûrement le plus remarqué parmi les Helvètes ; le parcours enregistré d’Ehinger n’était pas passé inaperçu ; quand à Massy, sa basse a croisé ici ou là bien des chemins (Guyonnet, Rosetta, mais aussi Humair ou Charles Schneider) ; enfin, tous trois ont oeuvré avec Michel Wintsch. Leur association dans Le Mêm(e) Trio remonte à 96. Cette formation associe bois et cuivre, souffle et cordes, deux à un - une base et un sommet, de quelque côté qu’on l’aborde - la clarinette (à vent et en bois) tenant le milieu. Cette distribution assure un équilibre acoustique qui tient du merveilleux, et c’est sans doute pour ne pas la bousculer qu’Yves Massy, responsable quasi unique du répertoire, a écrit des pièces exclusivement vouées à faire chanter les timbres, les marier sans les fondre dans un espace qui les magnifie, à la fois ouvert et orienté. Le choix constant du chant, de la délicatesse, de dynamiques douces est un parti finalement osé. Eviter la mièvrerie, la joliesse, le coup d’oeil en coin vers le Top 50 labellisé-bleu n’est point si simple : nos Français Académiciens ou postulants en ont tous fait les frais. C'est probablement qu’ils cherchaient aussi à faire qui savant, qui malin, qui sublime, en tous cas à courir deux lièvres à la fois. Ici, pas de compositions à double-sens, à chausse-trape, à tiroir ; surtout pas de duplicité. Il en résulte une musique plaisante et fraiche, aisée, intelligent mais pas guindée - peut-être plus proche d’un trio de Jimmy Guffre (avec Brookmeyer) qu’il n'y paraît. En toute modestie : une leçon.

Fr.15.00